L'écologie politique traverse une grave crise interne au moment même où les faits d’actualité prouvent un peu plus chaque jour la pertinence des analyses et propositions entamées depuis plus de 30 ans par les écologistes.
Le paradoxe est tel que nul ne ménage ses efforts à Droite comme à Gauche pour être plus écolo que son voisin tout au moins dans le discours. Dans les faits, la Droite et désormais la Gauche défendent un système économique prédateur de la nature comme des êtres humains, laissant peu de chance aux plus fragiles tout en compromettant l'avenir des générations futures. L'espace politique où entendait continuer à agir Bretagne-Ecologie en tant que partenaire dans une majorité de Gauche s'est rétréci au point de fondre définitivement. Le dernier coup porté par JYLD à l'occasion des dernières élections régionales et qui a vu la « liquidation totale » des écologistes par un coup de menton abusif du « Ministre Président de Région » n'est que l'avant goût (le galop d'essai) du projet des patrons du PS. Ils lorgnent vers la droite pour obtenir des majorités plutôt que vers les écolos , véritable menace de leurs intérêts qu'ils partagent clairement avec les nucléocrates, marchands de canon et princes dictateurs. Dans ce contexte où la Gauche au gouvernement n'a plus de scrupule ni sur la spéculation, ni sur les atteintes aux droits de l'homme, ni sur les libertés ; si on y ajoute l'attitude insupportable vis-à-vis des réfugiés et l’absence totale d'état d'âme dans les relations aux dictateurs, notre espace politique est désormais en dehors du terrain de la classe politique traditionnelle à l’œuvre via les mandats électifs.. Même si nous devons garder des relations avec certains élus pour continuer à agir.
Nous sommes ancrés sur les valeurs fondamentales de l'écologie : celle qui se base sur les valeurs de dignité et de solidarité des êtres humains et de respect des équilibres écologiques sans oublier le droit à la justice et la paix pour tous les peuples : du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest de la planète.
L'ancrage territorial est un de nos piliers. L'écologie ne peut -être que fédéraliste. Les régions, les territoires locaux, sont les espaces par excellence pour agir et tisser des liens avec les mouvements sociaux et les mobilisations : la lutte contre le modèle agricole productiviste, la Centrale au gaz de Landivisiau, les centrales nucléaires, l' enfouissement des déchets nucléaires, les lignes THT, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, les délocalisations d'entreprises, les fermetures de services publics, le combat pour défendre les entreprises d’économie sociale et solidaire. Aujourd'hui, les actions menées traduisent concrètement les modèles alternatifs en capacité de répondre aux impératifs sociaux et environnementaux que nous vivons. Pour les tenants de l'ultra-libéralisme à l'omnipotence symbolisée par les mots de M Thatcher : « there is no alternative ! », c'est un échec. Oui il y a d'autres modèles et si nous savons parfaitement ce dont nous ne voulons pas, nous savons tout aussi parfaitement ce que nous voulons parce que nous sommes en capacité de le construire. En ce sens l'écologie est devenue un fait populaire car ces alternatives sont le résultat de mouvements qui se prennent en main et qui inventent et construisent concrètement, par leur engagement de terrain, le monde de demain.
BE c'est aussi l'ouverture sur la société civile, sur les associatifs non encartés, sur les autres mouvements politiques.
L'espace politique de BE est aussi de participer à fédérer l'ensemble des acteurs autour de l’écologie politique afin de formaliser les réponses aux questions que se posent les citoyens, qu’ils vivent en ville ou à la campagne, dans les quartiers des banlieues abandonnées, ou dans les centres de villes pollués. La gauche a plus que déçu l'électorat populaire, les jeunes aussi mais également tous ceux qui portaient cet espoir d'un monde meilleur.
C'est parce que nous ne sommes pas les tenants du pire qu'il nous faut habiter cet espace vide du fait de l'incurie de la Gauche et dont le risque majeur est de le voir confisqué par l'extrême droite. En cela, le parti socialiste a une lourde responsabilité et qui restera historique..
S'impliquer en politique c'est s'enrichir des rencontres, des discussions, des confrontations de points de vue. On se réalise à travers ses mobilisations, et on construit au quotidien un monde tel qu'on le souhaite. La politique devrait d'abord être une question d'envie et de convivialité. Il faut rappeler que les lieux politiques sont des endroits où l'on comprend la marche le monde.
. Dans un contexte de mutation énergétique, d’aspiration démocratique, de perception citoyenne de la planète monde, les valeurs fondamentales de l’écologie apparaissent comme les seules à même de répondre à la nécessité de lutter contre les inégalités sociales, au besoin de mieux vivre, tous ensemble. Les valeurs de partage, sobriété volontaire, de convivialité, d’autonomie des peuples et des personnes, sont incompatibles avec une société productiviste de croissance et de compétition.
. BE doit être avant tout une « maison » dans laquelle on trouve le plaisir à militer ensemble. Ce goût du collectif est à la base de notre démarche. Défendre notre envie de politique, c’est initier localement le débat qui fait aujourd’hui défaut. C'est se retrouver pour continuer à élaborer des propositions, prendre des habitudes de travail, se faire confiance.
Pour les années qui viennent, quelles Actions dans quel Projet ?
Nos constats :
Nous vivons dans des sociétés riches mais inégalitaires et de plus en plus et tristes. Le problème n'est pas d'augmenter le gâteau mais plutôt d’en revoir la recette et ses conditions de partage pour le bonheur de tous.
L'humanité devenue surpuissante s’auto-détruit. Le saccage des biens communs, ne sert que l’accroissement de la pauvreté et le profit d’une oligarchie; seule une action pour le bien de tous porte en elle ce qui fait le plus beau et le plus noble de l'engagement politique.
L’obsolescence programmée des objets de consommation commande même la pensée politique. Sans valeurs et sans fondements, elle est désormais sujette au zapping des castings ; le moment est venu de prendre le temps de l’action et de la réflexion.
Le travail 8 heures par jour, 5 jours par semaine, pendant 42 ans. nous fait passer plus de temps de vie éveillé avec nos collègues qu'avec notre famille et nos amis. Remettre le travail à sa place, c’est le partager entre ceux qui en veulent et ceux qui en veulent moins.
L'inégalité homme femme est la base de toutes les inégalités sociales, elle est celle qui se réduit le moins. Pour dépasser les rapports de genre actuels, il faut agir sur les représentations, et faire surgir de nouveaux repères, de nouvelles normes.
L'idéologie de la techno-science nous conduit à chercher des réponses absurdes à des questions stupides. Les OGM en sont une des principales illustration. La modernité n'est pas là où l'on pense mais là où on la met.
L'autonomie et la responsabilité sont le point de départ d'une pensée politique issue du 18e siècle. Autonomie des individus qui s'assument en tant que sujets libres, responsabilité envers l'environnement, qu'il soit social ou naturel; Il sera difficile de faire croire à nos enfants du 21ème siècle que nous ne savions pas; si nous ne devenons pas le changement, personne ne changera les choses pour nous
Nos propositions :
2017 sera en France une année politique importante.
Voici des mesures concrètes ou d’orientation pour sauver la démocratie, garantir la justice sociale et préserver les biens communs..
L' ancrage terrritorial :
La mondialisation a atteint ses limites. Les dégâts sociaux et environnementaux qu'elle engendre amène à un mouvement de globalisation et donc de reterritorialisation. Le territoire est l'espace de vie et d'activités, où se conjuguent de manière cohérente et durable l'efficience sociale, économique et environnementale. A nous d'inventer en lien avec les forces vives, les citoyens, les divers réseaux l'organisation des activités s'inscrivant dans:La souveraineté alimentaire des territoires :
- Relocaliser les productions : en rendant du sens et de la valeur à la vie locale et à l’autonomie, nous changerons notre rapport au temps, à la distance, à la vitesse. Des circuits courts, moins de temps passé dans les transports, des relations de personne à personne, c'est un nouveau projet de civilisation.
- Valoriser l’agriculture: prôner le retour aux polycultures paysannes et familiales autonomes en protéines, énergie et valorisation-commercialisation
La production d'énergies renouvelables
L'efficacité énergétique
- Changer de modèle énergétique : produire mieux et moins en programmant au plus vite la sortie du nucléaire (zéro nucléaire en 2035), en décentralisant la production électrique (boucles électriques locales) et encourageant la participation des citoyens, Les solutions existent, faisons-le !
Les services à la personne
Les services publics de proximité
Pour :
Un accès universel aux biens fondamentaux :
- Un revenu d’existence : qui consiste en un versement social distribué de façon égalitaire et inconditionnelle à tous les citoyens ainsi que la mise en place d'un revenu maximum.
- La gratuité des premières tranches d’eau, d’énergie et télécommunication pour les petits revenus : financée en surfacturant les fortes consommations, dans le cadre d’une gestion publique des ressources.
- Biens communs et service public : renforcer et décentraliser le secteur public dans les domaines de la santé, de l'éducation, de la justice, de la recherche, du logement... Le service public est un bien commun, un service appartenant à tous, au même titre que les forêts ou les réserves halieutiques.
Un renouveau démocratique,
La non-violence fonde l'écologie politique. C'est un principe qui doit guider la résolution et la prévention des conflits. C'est aussi des méthodes de stratégie propres à remettre en cause les logiques dominantes. La désobéissance civile est l'alternative concrète et efficace en capacité de déstabiliser le système. De plus, elle est dans ses fondements populaire au sens où chacun-e a la capacité de refuser d'adhérer et donc de désobéir à un ordre considéré comme injuste et donc illégitime.
- Une Sixième République, enfin ! Nous devons appeler à une Constituante pour élaborer une Sixième République qui renforcerait le pouvoir du Parlement, supprimerait la fonction présidentielle, et imposerait le binôme paritaire pour toutes les instances représentatives.
- Pour une démocratie sociale : des initiatives citoyennes, des coopératives et la participation des citoyens et salariés aux décisions des grandes entreprises.
- Féminisme : pour une parité à tous les niveaux de la vie, sociale et politique, en particulier dans les instances de représentation, nous proposons entre autres, l'égalité effective des salaires, un service public de la petite enfance, un congé parental pour les hommes comme pour les femmes inscrit dans le droit du travail..
- Désarmer la finance : reprenons le contrôle et l'usage collectif du service bancaire pour le recentrer sur ses activités d'origine, sans spéculation. Nous proposons la socialisation progressive du système bancaire, premier pas vers la « définanciarisation » de l’économie.
- Travailler moins pour vivre mieux : par une diminution de la durée légale à 32h par semaine, tout en envisageant de nouvelles formes de réduction du temps de travail, choisies sur l’ensemble de la vie.
Transformer le monde :
- Pour une nouvelle politique migratoire : la planète est un patrimoine commun, nul ne choisit ni le lieu ni l’époque, ni l’environnement politique, économique de sa naissance. Nous voulons ouvrir les frontières pour faciliter les migrations, et mettre en place un passeport de citoyenneté universelle. La régularisation de tous les sans papiers n'est qu'une première étape vers l'égalité des droits sociaux et civiques.
Et maintenant ?
Cette analyse, vision et objectifs, du local au global, étant posés, reste à définir une stratégie de rapprochement, voire d'union avec nos partenaires à identifier. Ce afin de faire avancer concrètement les projets de transformation des modèles prédateurs dominants au niveau social, environnemental et économique.
Les dernières élections régionales avec le Rassemblement des Écologistes en Bretagne nous ont situés, en tant que BE, dans une communauté d'appartenance à la famille écologiste. Pour autant, la rigidité de l'appareil politique est un réel obstacle à la progression du projet politique sur le terrain. Mais c'est une réalité qui gangrène tous les partis politiques et donc autant ceux de la « Gauche traditionnelle » pour ne pas dire la vielle Gauche..Dès lors, il semble impératif de sortir de l'enfermement de la classe politique classique pour rejoindre les acteurs de la société civile et les militants des partis de gauche pour partager nos ambitions collectives et agir sur le terrain avec les citoyens. Les combats ne manquent pas et BE a vocation à jouer cette ouverture et à fédérer tous ceux qui sont prêts à faire avancer concrètement les modèles alternatifs que nous appelons d'autant plus de nos vœux qu'ils sont devenus nécessaires à la soutenabilité de nos sociétés.
Quid des élections à venir, comment choisir son camp ?
Le vécu avec nos partenaires nous incitent à faire un pas de côté plutôt que d'accepter une place qu'ils veulent bien nous consentir. Il semble donc important de prendre du recul dans la période d'instabilité que nous connaissons du fait de la non fiabilité des partenaires de la Gauche classique. Mais pour autant, nous n'allons pas sauver le monde tout seuls. Une piste à proposer et explorer pour garder notre capacité à réfléchir et agir tout en rejoignant un collectif pourrait être de prendre contact avec Utopia*. Certains d'entre nous connaissent déjà ce mouvement et il me semble que c'est un compromis stratégique porteur au regard des valeurs de Bretagne-Ecologie.
*Le "Mouvement UTOPIA" est une association d’éducation populaire à but non lucratif, qui vise notamment à élaborer un projet de société fraternel, écologiquement soutenable et convivial dont l’objectif est le « buen vivir ».
L’association a également pour objet d’agir comme un trait d’union, une passerelle entre les acteurs de la société civile, du monde politique et institutionnel, du monde intellectuel et du monde artistique et culturel.